rencontre avec Damien schmitt

Damien, un batteur depuis toujours, il vient d’une famille de musiciens, où il a appris le
métier dès son plus jeune âge.

Musicien de talent, et reconnu au-delà de nos frontières, il est actuellement en plein enregistrement de son album, après avoir joué au printemps dernier, pour le tout nouvel opus d’Alain Caron.

Malgré un emploi du temps des plus chargés, il a pu trouver du temps pour répondre à mes questions, un face à face très agréable, des questions précises, et des réponses qui le sont tout autant.

Une visite surprise des plus détonnantes, que vous allez aussi pouvoir découvrir pendant l’interview. :-)

Merci Damien pour le temps que tu as consacré à cette interview, ce qui nous permet de te connaitre davantage, et d’apprécier combien tu es un musicien de talent. :-)

1) Peux-tu nous dire pourquoi tu as choisi de jouer de la batterie ?

Je n'ai pas eu le choix, mon père était prof de batterie, et ma mère chantait dans un orchestre, elle donnait des cours de piano et d’accordéon.
J'ai donc depuis toujours, évolué dans l'univers musical au sein de ma famille.

2) As- tu pris des cours, ou es-tu autodidacte ?

Mon père m'a tout appris, sauf à lire la musique, il ne connaissait pas le solfège.
Il me donnait aussi l'occasion, quelques fois, de jouer à sa place dans les bals, nous nous passions la batterie, un échange de baguettes quoi.

A 12 ans, je suis rentré au conservatoire pendant 4 ans, j'y ai fait tout le cursus.

3) Comment es-tu rentré dans le métier ?

En fait, j'ai toujours été dans le métier.
Avec mes parents, je faisais les bals, et quand il a fallut faire des remplacements dans d'autres orchestres, les gens savaient que j'étais là, alors ils me prenaient.

Il y a eu aussi les premiers groupes avec les potes, on a entendu parler de moi, après ce sont d'autres groupes qui avaient besoin d'un batteur, ils ont fait appel à moi, et le reste s'est fait naturellement.
J'ai toujours rencontré des gens, et quand tu es sérieux, ils te rappellent.

Par la suite, je suis allé à Paris, et tout s'est fait de la même façon.

J ‘ai rencontré Hadrien Feraud au Baiser Salé et il m’a fait rencontrer Jean Marie Ecay, qui m’a fait rencontrer Erci Lelann, qui m’a fait rencontrer Jannick Top….jusqu’à Jean Luc Ponty.


Pour la partie variété Française, ça s'est passé aussi dans une jam.

J’ai rencontré un bassiste, qui un jour m'appelle et me propose d'enregistrer un album avec Georges-Alain Jones.

Coup de théâtre, Georges-Alain Jones est pris par Camus.
Lorsque j'ai commencé à tourner avec lui, les gars qui bossaient pour Camus m'ont vu jouer, et m'ont proposé de tourner avec d'autres artistes, jusqu'à jouer avec Yannick Noah, Sinclair etc.....

4) Comment s'est fait ta rencontre avec Alain Caron ?

Il y a deux choses :


La première fois que j'ai rencontré Alain , c'était en 2006 à Vérona pour un Bass Day.
J’y Jouais avec Hadrien Feraud.


Je l'ai revu après au NAMM Show à Los Angeles. Il m'a proposé de travailler avec lui, j'ai de suite dit oui, bien sûr.

La deuxième chose, c’est que peu de temps après, Jean Marie Ecay m'a téléphoné, me disant qu’il avait fortement insisté pour que je sois le batteur de la prochaine tournée d’Alain en trio.

De cette collaboration est né 2 albums, le premier en 2010 qui s'appelle "Septentrion" et le dernier qui vient juste d’être enregistré  « Multiple Face »
en 2013

Entre 2010 et maintenant, nous avons pas mal tourné ensemble en Europe, et au Canada.

5) Pour le travail d'enregistrement, as-tu fait un travail personnel en amont, ou tout était écrit ?

Tout était écrit, mais en ce qui concerne la batterie, Alain me laisse une liberté absolue,
tant que ce que je lui propose lui plait.
Il attend de moi que je le surprenne.

Par exemple, sur le dernier album, il avait des idées précises sur un 6/8 qui s’appelle ‘lost foot’.

Ce qui était difficile pour moi (qui ai pourtant joué beaucoup de 6/8 avec des Marocains ou des Réunionnais) c’était de pouvoir combiner ces différents 6/8 qui ne sont pas les mêmes. Il a mélangé les mesures clefs, et j'ai mis du temps avant de pouvoir trouver quelque chose de valable.

Il y a aussi un morceau un peu Cubain, ou Alain slap tout du long.
Ca sonne Funky nous avons proposé une partie guitare très funk, et finalement, nous avons trouvé un bon compromis entre funk et musique cubaine.
Et c ‘est ce qu’Alain attend de nous, venir avec des idées, et partager.

6) Il a fallu combien de jours pour la réalisation de cet album ?

5 jours de travail ont été nécessaires pour 8 titres.
Je me rappelle quand même que dans la partie cubaine où je joue la clave au pied, la cloche, et tout le reste, j'ai eu de grands moments de solitude.
(Eclats de rire.....)
Tout a été fait en une prise, mais j'avais quand même bossé le plan  avant.

7) De quelle façon travailles-tu ton instrument ?

De manière générale, je ne pratique jamais seul, mais ces temps-ci je me suis remis derrière, pour travailler quelques plans techniques, qui me servent dans la musique que je dois jouer.

Par exemple par rapport au dernier album d’Alain Caron j’ai pris une journée avant le studio, ou je me suis pausé, pour retravailler la clave au pied façon Horacio el Negro.

Ou par exemple, pour mon album électro, j’ai travaillé des doubles au pied gauche sur le HH et les croches à la main droite, c’est vraiment intéressant.
Je me sers de ça dans la Jungle.

Mais dans l'ensemble, aujourd'hui, je ne suis plus un gros bosseur, j'ai acquis un niveau qui me permet d'être beaucoup plus libre dans ma tête.

J'ai remarqué que les gens qui ont un fort niveau, ont beaucoup bossé et ont l'esprit libre, pour pouvoir attraper plus de choses.

Quand j'entend quelque chose qui me plait, je le rejoue à ma façon, c'est un peu comme ça que je travaille.

Quand YouTube est arrivé, j'ai commencé à regarder des batteurs comme Chris Dave
http://www.youtube.com/watch?v=eEBnuP1f4iw ou
Spanky
http://www.youtube.com/watch?v=ITWUcGPngy0

J'ai beaucoup était influencé par ces rythmiques, c'est un mélange de ternaire et de binaire.

Par contre lorsque j'étais enfant, j'ai beaucoup, beaucoup travaillé.

8) Travaillé seul, mais beaucoup en groupe j'imagine ?

Absolument, je pense que c'est même la règle d'or.
Tu peux bosser tant que tu veux ta technique, mais si tu ne joues pas avec des musiciens, ce n’est pas valable.
Comment peux-tu partager autrement !!!

C'est comme si tu te retrouves au milieu d'une conversation que tu ne peux pas suivre correctement, car tu as toujours appris à parler seul.

Même si tu connais ton dictionnaire sur le bout des doigts, ça ne va pas te servir à grand chose.

Tu pourras quand même donner la définition de chaque mots, mais parfois des mots mis bout à bout ne veulent plus dire la même chose.

Un petit exemple tout bête, quand tu dis, "oh la vache" c'est un code, mais ça ne veut pas forcement dire qu'il y a une vache. (rire)
Et bien, la musique est remplie de codes comme celui là, qu'il faut apprendre avec d'autres.

9) Derrière ton instrument, te protèges-tu les oreilles ?

C'est essentiel,  primordial, et capital.
Quand j'ai commencé, il n'y avait pas toutes les infos qui sont à notre disposition aujourd'hui.
A cause du manque d'informations dans le passé, aujourd'hui, il y a des gars qui sont sourds.

Nous avons actuellement tous les outils pour pourvoir protéger nos oreilles, il faut vraiment le faire.

Quand tu mets un casque, mine de rien, c'est très agréable, parce que tu entends ta batterie différemment, et tu te dis :
"Waouh, elle sonne terrible, en plus tu as carrément l'impression d'être en studio, avec un son mat des années 80, à la Dave Weckl, Steve Gadd et d'autre encore, c'est génial.

     Kit que Damien a utilisé pour le travaille d’enregistrement d’Alain Caron au printemps 2013.

10) Tu as dit dans une interview en 2012, que tu avais fait le tour de la batterie, pourrais-tu nous en dire un peu plus ?

C'est sans aucune prétention que j'ai dit ça, il faut bien le comprendre.
Il ne faut pas que ce soit mal interprété.


Je joue depuis des années et on a jamais finit d’apprendre,  c‘est une certitude.

En revanche passer des heures à bosser l’instrument pour jouer plus vite et plus fort ca ne m’intéresse pas, pour quoi faire ?

J’ai eu la chance de jouer dans tellement de groupes avec des styles différents, et côtoyé pleins de communautés différentes, parce que c'est ça la musique, chaque style de musique à une communauté, et une façon de penser, et ça, c'est une réalité.

Dans le rock, c'est pas comme dans le reggae, comme dans le jazz et l'électro qui sont deux styles complètement différents.

J'ai eu la chance de faire différents styles de rock, de reggae, de funk, de hip-hop beaucoup de style de jazz, comme, la fusion, le big-band, le be-bop, New Orleans, j'ai aussi eu beaucoup de chance de jouer avec des Africains, des Brésiliens, alors je me dit que j'ai vraiment presque tout fait.

Je pense alors qu'au niveau musical, j'ai pas mal fait le tour, encore une fois sans prétention.

Tu sais, à Paris, nous avons cette chance, c'est d'avoir tout ça, chose qui ne se trouve pas aux Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, il n'y a pas la musique Africaine comme nous pouvons l'avoir à Paris par exemple.

Quand je joue du Chabbi aux USA, les gars me regardent avec des yeux tous ronds, ils se demandent d'ou est-ce que ça sort….LOL c ‘est Marocain ;-) Par exemple j‘ai eu la chance de jouer ce genre de musique au bled, avec Cheb Khaled…


Tout ca pour dire que oui, à mon sens, la batterie j ‘en ai fait le tour. On peux me mettre dans n’importe quel groupe de n’importe quel style, j’m’en sortirai car j’en connais les bases, je ne serai pas perdu à me demander quoi jouer… là encore je dis cela sans aucune prétention.
Qu’en tu en es arrivé là, c’est que tu as déjà pas mal fait le tour de la question. Sauf en musique indienne et asiatique où je n‘y connais rien.

11) Si je comprends bien, tu voulais  parler des styles musicaux et non de la batterie en elle-même, quand tu as dit penser en « avoir fait le tour » ?


Tous les styles musicaux, mais pas encore techniquement, certes.
Même si techniquement j'ai un certain niveau, je me demande ce que je vais faire, jouer plus vite, plus fort............


Mais en fait, ce que j'entendais dans le fond quand j'ai dit que "j'avais fait le tour de la batterie", c'est qu'aujourd'hui, j'ai besoin d'un autre challenge.

D'ou, la chanson…
Tout petit, je chantais déjà sur scène, j'ai toujours eu ce désir.

J'aime la chanson, et c'est pour ça que j'ai accepté de faire The Voice.
Je me suis dit que ça serait un challenge, parce que j'avais tout à apprendre. Je n’ai jamais pris de cours de chant. C'est vraiment passionnant de faire un truc nouveau, ou tu as besoin de te surpasser.

12) Ta participation à The Voice, t'a apporté quoi de plus dans ta carrière aujourd'hui ?

Aujourd'hui j'ai un coach vocal.

Avec lui, j'ai beaucoup travaillé, et je chante 10 fois mieux que lors de mon passage à The Voice.


J'ai fini d'enregistrer mon premier album de chanteur.
Je vais ensuite démarcher, et nous verrons bien ce qui se passe.
Il y a déjà des gens intéressés.

En fait j'ai toujours chanté, mais les gens ne pensaient pas que c'était sérieux, ils pensaient que je m'amusais, mais non !!!! C’est vraiment ce que je veux faire.

Dans le passé, j’ai présenté mes titres à des gens du métier, mais ils n'ont pas pris le temps d'écouter, parce que j'étais le batteur.
C'est bête, mais ici, les choses sont vues comme ça.
Aujourd’hui quand je présente mes chansons on me prend au sérieux...

Avec François Constantin au percussions et Stéphane Castry à la basse.

13) Si d'aventure quelqu'un te proposais d'être chanteur, mais avec ta batterie, qu'est ce que tu ferais ?

Je pense que je le ferais dans un premier temps.
Mais le but serai de chanter sans la batterie.


J'adore la scène, je suis né dessus, c'est mon truc, je n'ai pas peur d'y être avec ma batterie, mais être seul devant et chanter, je commence à avoir le trac…


14) Quelques mots sur ton matériel, et les marques qui t'accompagnent ?

Ma batterie est une Mapex Saturn, très polyvalente, mes configurations varient  suivant ce que je fais.

Pour aujourd'hui (bag show de Marseille 05/2013)J’ai un kick de 20,  Toms10 12 14 16, mes fûts sont courts, j'aime les jouer à plat.

Je ne suis pas grand, et le fait d'avoir une grosse caisse de 20 m'aide beaucoup…LOL

Il y a aussi, une caisse claire de 14 assez sèche, une caisse claire de 10, qui me sert pour tout ce qui est jungle, et une autre en 14 qui est très détendue.
Pour te donner une image, c'est le son de Mister Robinson Junior, sur l’album Off The Wall de Michael Jackson, la chanson ‘Rock With You’

J'utilise des cymbales Meinl, ce qui est incroyable chez eux c'est qu'ils sont ultra polyvalents, j'adore ça.

Ou la la; mais qu'est ce qu'il se passe..................?
Devinez qui débarque sans prévenir au milieu de l'interview,
Seb Rambeau et Yan Coste, le terrible et colossal duo des
Fills Monkey.
Ils viennent nous saluer, un grand moment de bonne humeur :-)
Rire pour tout le monde, quand ils découvrent que nous étions en interview :-)
Et là, la discussion tourne aux souvenirs de vieux combattants......... :-)

Pour en revenir à mes cymbales, je n'ai jamais le même kit, je m'adapte en fonction de ce que je dois faire.
Je trouve que chez d'autres marques, ce n'est pas aussi polyvalent.


L'avantage pour moi avec Meinl, c'est qu'ils font aussi des percussions.
Lorsque j'en ai eu besoin pour l'album d'Alain Caron, ils ont répondu présents, il m'ont envoyé ce dont j'avais besoin.

Mes baguettes sont des Vic Firth, j'avoue que c'était un rêve de gamin de pouvoir être chez eux, j'ai de toutes façons toujours joué Vic Firth.
Je Joue le model 85A, un tout petit peu plus long, mais aussi un tout petit peu plus large que les 7A.

J'ai trouvé l'idéal, je suis très heureux de jouer ces baguettes.
Pour les peaux, c'est Aquarian, c'est vraiment des supers peaux, je n'ai pas trouvé un meilleur son de kik qu'avec des Aquarian.

Là où j'ai du mal, c'est qu'ils ont un choix énorme, et je me perds dans leurs références (rire).

Mes micros sont des Prodipe.
C'est extra !! Si vous ne connaissez pas ces micros, il faut les essayer.


15) Aurais- tu une anecdote à partager avec nous ?

Oui, bien sûr.
Je crois que pour moi la meilleure est lorsque j'avais 11 ans,

Denis Chambers m'a offert sa double pédale de grosse caisse.

Nous étions à Aiguillons pendant un stage organisé par le C.I.M, il y avait avec lui, Dominique Di Piazza et Bireli Lagrene, avec qui j ‘ai joué par la suite et même enregistré  Bireli Lagrene Electric Side

Nous avions eu plusieurs Master Class avec Denis Chambers dans la même semaine, et lors de son dernier, il démonte sa double pédale et me la donne.

Sur le moment je ne savais pas trop quoi en faire, j'appuie sur les pédales… je lui redonne… et là, il me dit, tu peux la garder, elle est pour toi.

Je l'ai revu plusieurs fois, dont la dernière au NAMM cette année 2013, où nous avons pu vraiment bien parler, il se souvenait bien de moi.


16 ) Le mot de la fin, avec une ou plusieurs recommandations pour les lecteurs ?

Sois à l'heure, ne te prends pas la tête, parce que si tu commences tu es fini.( je parle de la vision de l’instrument, pas de la vie en générale quoi que…)
Laisses ton cerveau faire pour toi, et surtout, amuses-toi, il ne faut pas tout prendre au sérieux, il ne faut pas oublier une chose, c'est que nous ne faisons que de la musique.

Propos recueillis le dimanche 12 mai 2013 par Franck Cascalès
Correction Nadège Cascalès.

Photos personnelles de Damien Schmitt

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En dernière minute, juste avant la publication de l’interview, Damien me livre qu’actuellement,
(début aout 2013) il est en plein travail pour son album, ou, il me dit...............

Je travail tout seul sur mon album, juste quelques invités pour les instruments que je ne sais pas jouer: trompette, banjo, violon et une chanteuse......le reste c'est une surprise.

Une écoute sera peut-être proposé ici, via un lien, alors, à suivre. :-)