13 ) Vu le nombre d'artistes avec qui tu as joué, y en a t-il encore avec qui tu aimerais travailler ?
Non, pas en France en tout cas.
J’ai eu la chance de jouer avec tous ceux avec qui j'avais envie de jouer.
Adolescent, je rêvais de jouer avec Claude Nougaro, j'ai fait 2 tournées et 3 albums avec lui.
Pour Francis, ça a été une très belle découverte, je ne le connaissais pas, parce que j'habitais aux Etats-Unis à l’époque de ses premiers albums, je l'ai découvert en rentrant en France.
Il m'a appris et fait découvrir beaucoup de choses, un grand musicien et bien sûr un énorme auteur compositeur.
Et j’ai aussi la chance de travailler avec Benjamin Biolay, un artiste exceptionnel dans cette nouvelle génération.
14) Y a-t'il des marques qui t'accompagnent ?
Je suis un inconditionnel de Ludwig, surtout celles des années 60,70, pour moi se sont les meilleures années, elles sont très polyvalentes.
Elles se règlent facilement, on peut les jouer comme un vrai batteur de rock, ou on peut les jouer comme un batteur de jazz.
Elles couvrent un peu tout, en studio j'en amène toujours une, suivant le réglage que je fais, j’arrive à avoir une grande palette de sons.
J'aime beaucoup Gretsch, c'est très particulier, pas facile à jouer, et j'adore aussi les vieilles Radio King des années quarante et cinquante, elles sont magnifiques.
15) Y a-t'il une caisse claire, que tu affectionnes en particulier pour le studio ou la scène ?
Il y a deux ou trois caisses claires qui sont pour moi indispensables: une bonne caisse -claire en bois, ça peut être une Ludwig, une Radio King Slingerland années 40 ou 50, ce sont vraiment des caisses claires qu'il faut avoir, mais s'il y a une caisse claire à prendre, c'est bien la Ludwig Supraphonic LM400 ou la Ultra Classic 400, une caisse claire passe partout, qui peut être jouée détendue pour un son très mat, très profond ou au contraire très tendue (batteurs de James Brown).
Réglée moyennement tendue, ça fait un beau son pop Anglaise, c'est vraiment une caisse claire incontournable.
Il y en a une autre que j'adore, très difficile à trouver, et pas utilisable partout…qui a un son unique c'est la Rolling Bombers de Radio King, fabriquée dans les années quarante, j'ai d'ailleurs tout le kit, que je garde précieusement.
Capelle m'a fait une magnifique reproduction de cette batterie d'ailleurs, que j’ai utilisée pour toute la tournée de
Jean Louis.
La particularité de ce kit est qu’il y très peu de métal, tout est en bois même les coquilles.
Le son rappelle les tambours africains.
Pas facile à jouer mais beaucoup de caractère !
16) As- tu un souvenir à partager, une anecdote par exemple ?
Bien sûr, quand j'habitais Los Angeles, je jouais des percussions dans 4 ou 5 groupes, et nous écumions tous les clubs de la ville.
C'était l'époque ou il y avait 3 ou 4 groupes qui jouaient dans le même club, le même soir.
On jouait et les groupes qui passaient n'étaient pas très connus, nous n'avions personne pour nous aider, pas de backliner…
Quand j'arrivais avec ma voiture pleine de percus, je devais tout monter, je jouais puis je démontais le plus rapidement possible, pour laisser la place au groupe suivant.
Et souvent quand on finit de jouer il y a toujours des gens qui viennent de parler, certains ne sont pas toujours très nets, et tu n'as pas toujours envie de leur parler, car tu es obligé de démonter très vite.
Et un soir après avoir fini de jouer, je démontais et je vois quelqu'un s'approcher de moi, il faisait très sombre, et je ne voyais pas du tout son visage.
Il me parlait beaucoup, et me complimentait sur mon jeu de percussion, et moi, je ne le regardais même pas, je me disais : " mais qu'est ce qu'il me casse les pieds encore celui là", car encore une fois, j'avais peu de temps pour le démontage, mais, le gars était là, il insistait, il me parlait.
Finalement, quand j'ai eu fini de tout démonter, comme il était encore là, je me suis m'avancé vers lui, il me tend la main, et me dit, "désolé, j'ai oublié de me présenter, je m'appelle Mitch Mitchell, je me suis senti assez ridicule…
C'était assez cocasse, quand je pense que j'étais à deux doigts de l'envoyer balader, c'était assez drôle.
17) Te protéger les oreilles, c'est primordial pour toi ?
Oui, surtout que pendant des années, nous n'étions pas vraiment informés du mal que ça pouvait déclencher à nos oreilles d'écouter ou de jouer de la musique aussi fort, surtout en temps que batteur.
J'ai eu mon époque, ou je tapais sur mes cymbales comme un malade, et comme les cymbales sont à hauteur d'oreille, ça les endommage très vite.
Je me suis aperçu, au fil des années, que j'ai perdu un peu d'audition.
Quand on est jeune, on ne s'en aperçoit pas, c'est quand on arrive à la quarantaine, qu'on commence à sentir les effets secondaires.
Donc, oui, je me protège les oreilles, depuis quelques années maintenant.
Par contre en studio, c'est très difficile, car neuf fois sur dix, on est obligé de jouer avec un clic.
Comme il y a une musique enregistrée dessus, et que tu joues avec d'autres musiciens qu'il faut entendre jouer, tu as la batterie que tu reçois en direct (à un certain niveau), et si tu veux jouer avec le clic, ou avec un loop, tu es obligé de mettre très fort, sinon, tu n'es pas dedans, malheureusement c'est comme ça.
Par contre, sur scène, c'est facile de se protéger, soit tu as des * Ear Monitor, soit tu mets des bouchons avec des retours au sol.
En studio, le fait d'avoir des clics ou des loop sur lesquels il faut jouer, c'est un peu plus difficile .
18) Une dernière question :
Quels conseils peux-tu donner aux plus jeunes et aux autres ?
C'est très simple.
Ecouter le plus de musique possible, et trouver sa voie,
Essayer de ne pas faire comme les autres, et avoir une culture musicale des plus vastes possible.
* www.earbay.fr